Le vote de la Grande-Bretagne sur la sortie de l’Union européenne fragilise le marché de l’immobilier commercial et menace de déclencher une nouvelle crise financière
A circonstances exceptionnelles, décisions exceptionnelles de la part des gérants de fonds exposés à l’immobilier britannique : suspendre les rachats de parts pour les particuliers.
Gel des retraits
Le 6 juillet, six gérants de fonds avaient pris la décision de geler les retraits des investisseurs particuliers sur les fonds immobiliers britanniques. Et ces gérants d’actifs sont des acteurs majeurs du marché : Standard Life, Aviva Investment, M&G, Henderson Global Investors, Columbia Threadneedle et Canada Life. Aberdeen Asset Management a fait le même arbitrage pour 24 heures seulement. D’autres acteurs pourraient suivre le mouvement.
Manque de liquidité
Au total, ces fonds gèrent plus de 21 milliards d’euros. Ils gèrent des immeubles de bureaux, des entrepôts et des centres commerciaux sur le territoire britannique. Leur argument : la nécessité de protéger les investisseurs. Face à l’explosion des demandes de rachat d’investisseurs effrayés par les conséquences du Brexit, ils ont justifié leur décision de gel des retraits par un manque de liquidités. Il est en effet difficile de vendre rapidement des actifs de ce type et les réserves en cash des fonds ont été vite atteintes en raison de l’afflux de demandes de remboursement immédiates.
Le risque d’un effet boule de neige
L’incertitude qui pèse sur la valeur des actifs immobiliers britanniques est à l’origine de ce phénomène. Les porteurs de parts craignent notamment que la valeur de leurs actifs ne s’effondre à la suite du départ de nombreuses entreprises, ce qui ferait baisser drastiquement les prix de l’immobilier de bureaux à Londres. A terme, ce mouvement risque de fragiliser d’autres classes d’actifs exposés à la livre sterling sur lesquelles les investisseurs vont reporter leur décision de rachat. Et les observateurs craignent un effet boule de neige.
Incertitudes sur le marché immobilier britannique
Pourtant il est difficile de savoir comment va réagir le marché immobilier britannique à la suite du Brexit. Ce secteur a subi de plein fouet la crise financière de 2007. Depuis, le marché s’est relevé et a même pris 50 % par rapport aux prix d’avant la crise. L’annonce par le ministre des Dinances, Georges Osborne de la baisse prochaine du taux d’impôt sur les sociétés à 15 % pourrait en effet inciter nombre d’entreprises à maintenir leur implantation à Londres, voire à inciter d’autres entreprises à s’y installer. De quoi doper l’activité et la rentabilité des foncières britanniques.
Une réplique de la crise des subprimes ?
Reste que nombre d’observateurs s’inquiètent d’un possible scénario crise financière. En effet, pour les investisseurs la situation présente une certain nombre de similitudes avec le début de la crise des subprimes. En effet, cette crise majeure a commencé en 2007 avec la décision de BNP Paribas de suspendre les retraits sur trois fonds spécialisés dans des produits de titrisation exposés à l’immobilier américain.