Collectionner ou investir ? Avec les oeuvres d’art, il est possible de concilier le plaisir et le placement.
Le marché bat des records
Un Gauguin – Quand te maries-tu ? – cédé 300 millions de dollars au Qatar en 2015, un nu couché de Modigliani, vendu aux enchères 159 millions d’euros et un Picasso – Femmes d’Alger – adjugé 161 millions d’euros en mai à New York, les records pleuvent dans le monde de l’art. Et le marché enregistre des plus-values spectaculaires. En 2015, lors d’une vente organisée par Sotheby’s un masque double en bois, chef d’oeuvre de l’art Fang du XIXe siècle payé 1,27 millions d’euros lors de la dispersion de la collection Vérité en 2006 s’est vendu 5,4 millions d’euros. De quoi tenter de nombreux investisseurs. Les spéculateurs ont d’ailleurs fait leur entrée depuis plusieurs années dans ce secteur notamment sur le marché de l’art contemporain où il est possible de réaliser des plus-values spectaculaires. Ce marché d’une santé insolente, affiche +1370% de croissance en 16 ans et un taux de rendement annuel de 5,6% selon le Rapport Annuel 2016 du Marché de l’art d’Artprice.
Des actifs qui ne produisent pas de revenus
Si le marché des oeuvres d’art peut sembler attractif, la prudence reste cependant de mise. A la différence d’un investissement classique, une oeuvre d’art ne produit pas de revenus. A court terme, il s’agit d’un actif particulièrement volatile. En outre, ce type de placement est moins liquide qu’il n’y paraît. Si on prend l’exemple des dernières grandes ventes d’art précolombien, en 2013 avec la vente Barbier-Mueller, on dénombrait 53% d’invendus et en 2016 avec la vente Vanden Avenne, plus de 40%. Ce n’est généralement que si on l’envisage comme une placement long terme, voire à très long terme, qu’on peut envisager un bon rendement.
La difficile valorisation de l’oeuvre d’art
Enfin la valorisation d’une oeuvre d’art reste aléatoire. Elle constitue toujours un exercice délicat. Artprice réalise des indices économétriques pour les principaux artistes. Cet outil d’aide à la décision mesure sur une année le prix moyen obtenue en vente publique. Mais ce chiffre reste approximatif. Une toile de jeunesse ne se vendra pas de la même façon qu’un tableau de la maturité appartenant à une série fameuse. Et d’autres facteurs entrent en ligne de compte : le pedigree de l’oeuvre. Avoir été possédée par un collectionneur prestigieux en augmente la valeur. Ce phénomène a trouvé une illustration parfaite lors de la vente de la collection Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent qui a atteint des records. Une oeuvre qui a participé à des expositions voit également sa cote monter. Enfin pour qu’elle soit valorisée pleinement, elle ne doit pas être apparue trop souvent sur le marché, faute de quoi, l’intérêt des acheteurs peut s’émousser.