Les femmes sont les grandes perdantes du système actuel de retraite en dépit des dispositifs spécifiques qui leur sont dédiés. La réforme en cours saura-t-elle corriger ces inégalités ?
A l’heure de la retraite, hommes et femmes sont loin d’être égaux. D’après les statistiques du ministère des Solidarités, les femmes perçoivent une pension de retraite en moyenne inférieure de 42 % à celle versée aux hommes (1123 € contre 1 933 € de pension brute moyenne). En cause : des carrières incomplètes et de fortes inégalités salariales.
Les femmes liquident leur retraite avec en moyenne 13 trimestres de moins que les hommes. Si les écarts de pension entre les hommes et les femmes tendent à diminuer au fil des générations, toutes carrières confondues, la France occupe la 6e place sur le podium de l’inégalité des pensions dans l’Union européenne où l’écart moyen des pensions est de 39% (2).
Des arbitrages majoritairement défavorables ?
Dans ce contexte déjà défavorable, une étude de l’Institut de la protection sociale a mis le feu aux poudres. Pour ce think tank, le projet gouvernemental qui consiste à attribuer une majoration de 5% des points acquis par enfant au moment du départ à la retraite (cet avantage pouvant bénéficier à la mère comme au père) se révèle défavorable, dans la plupart des situations, pour les mères de un et deux enfants.
D’après son étude, la mise en place d’un âge pivot de 64 ans et la suppression de la règle des 8 trimestres permettant d’arriver plus vite au taux plein s’avèreraient largement pénalisante pour les mères de famille. Le think tank tire également la sonnette d’alarme sur les répercussions de la réforme pour les familles de trois enfants, les nouvelles règles paraissant leur être moins favorables.
La secrétaire d’État chargée de l’Égalité hommes femmes a démenti ces chiffres. Et l’inspirateur de ce nouveau régime, le haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye a tenu à rappeler que les mécanismes de solidarité actuels ne corrigent pas suffisamment les inégalités entre femmes et homme
Les mécanismes actuels pour pallier ces inégalités
Le mécanisme des pensions de réversion tend à lisser quelque peu ce gap. 4, 4 millions de Français bénéficient d’une pension de réversion. 9 fois sur 10, il s’agit d’une femme. Le montant moyen de la réversion s’élève à 642 euros.
Afin de pallier ces inégalités persistantes, des mécanismes spécifiques ont été mis en place : la majoration de durée d’assurance pour enfant (MDA) et à la majoration de 10 % de la pension pour les mères de trois enfants. En dépit du vote de réformes favorables comme la prise en compte intégrale des congés maternité votée en 2014 pour l’attribution du départ anticipé pour carrières longues ou l’augmentation du plafond du minimum contributif en faveur des retraités les moins favorisés qui bénéfice à 70% aux femmes. Reste à savoir si le réforme de la retraite saura mettre en place des dispositifs plus favorables.