L’inflation s’installe durablement dans le monde. Mais face aux politiques mesurées des banques centrales et à leur communication rassurante, les marchés financiers ne sont pour l’instant pas impactés.
Largement présentée comme un phénomène transitoire, l’inflation s’installe durablement et atteint des sommets inédits.
Des hausses de prix record
Avec +7% aux États-Unis du jamais vu depuis 40 ans, l’inflation constitue désormais un sujet politique majeur de la présidence Joe Biden. La progression des salaires ne suit pas dans les mêmes proportions, faisant de la diminution de leur pouvoir d’achat un sujet d’inquiétude pour les Américains.
Avec +5%, un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 25 ans, dans la zone euro, la progression de l’inflation, si elle est moins spectaculaire, n’en est pas moins vive. En comparaison, avec seulement 2,8% d’inflation sur un an, la France paraît mieux lotie que ses voisins.
Aux États-Unis, comme dans la zone euro, les banques centrales ont initialement présenté cette hausse de l’inflation comme un phénomène transitoire largement dû à la hausse des tarifs de l’énergie et aux goulets d’étranglement en terme de production de bien manufacturés générés par la crise sanitaire.
Un phénomène transitoire…
Les épisodes successifs de confinement ont créé des ruptures dans les chaines d’approvisionnement. Ce phénomène conjoint à vigueur inattendue de la reprise et aux difficultés de frais ont engendré des situations de pénurie (bois, semi-conducteur, etc…) qui font monter les prix. Mais la situation tarde à se réguler et le variant Omicron constitue une nouveau facteur de désorganisation.
En outre, la hausse du prix de l’énergie ne constitue plus le facteur principal de hausse des prix qui gagne toute l’économie. En France, cette augmentation est désormais plus rapide pour les produits manufacturés et l’alimentation que pour l’énergie.
… plus durable que prévu
Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile de parler d’un phénomène temporaire. Les experts craignent une réactivation de la boucle prix/salaires observée dans les années 70 qui viendrait renforcer le caractère durable de l’inflation. Si l’inflation n’a pas encore eu de répercussion forte sur les biens de première nécessité, la situation pourrait changer entraînant une baisse de pouvoir d’achat et donc une demande de hausse de salaires. Cette hausse de salaires génère une augmentation des coûts de production à leur tour répercutés sur les prix, ce qui nourrit l’inflation.
Quelle riposte ?
La réserve Fédérale (Fed), la banque centrale américaine, pour contenir l’inflation a opté pour un resserrement modéré de la politique monétaire budgétaire, avec une réduction des ses achats de bons du Trésor et a annoncé un calendrier de trois hausses de taux à court terme, qui pourrait commencé dès mars 2022.
La Fed joue la prudence car il s’agit de limiter la surchauffe de l’économie sans durcissement excessif qui pourrait affoler les marchés financiers. De son côté, la BCE a opté pour une politique accommodante et devrait prolonger son soutien à l’économie jusqu’à 2023, tout en le réduisant très progressivement. Aucune hausse de taux n’est à ce jour programmée.
Les marchés financiers confiants
De quoi rassurer les marchés financiers qui affichent pour l’instant une santé insolente. La bourse de Paris a démarré l’année en battant un nouveau record, à plus de 7.317 points le 4 janvier dernier. À New York, le 3 janvier, le Dow Jones et le S&P 500 ont également atteint des niveaux records, preuve, s’il en était besoin, de l’optimisme des marchés.