Le livret A regagne des points auprès des épargnants. Cependant son modèle économique est en danger d’après la Cour des Comptes qui a ouvert une procédure de référé.
Placement défiscalisé, ses intérêts étant exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, le livret A se caractérise par un taux de détention extrêmement élevé. Son plafond a été revu à la hausse par le gouvernement. Il est désormais fixé à 22.950 euros. Une mesure qui surtout bénéficié aux détenteurs les plus aisés d’après la Cour des comptes.
Le Livret A séduit à nouveau
Les épargnants plébiscitent à nouveau le livret A. Ce regain de faveur est lié à l’environnement de taux bas qui a généré une baisse des rendements des principaux produits financiers concurrents. L’assurance-vie, notamment subit une certaine défaveur, en raison de la baisse de rendement des contrats en fonds euros et des inquiétudes des investisseurs liées à la loi Sapin II. La période électorale génère en outre une incertitude qui bénéficie à des produits d’épargne stables et lisibles comme le livret A.
Une collecte redevenue positive
En 2016, pour la première fois après deux années de décollecte massive dues à la baisse du rendement de ce produit d’épargne (-6,13 milliards de collectes en 2014 et -9,29 milliards en 2015), la collecte nette est redevenue positive. Au total, la collecte cumulée de 2016 a atteint la somme de 1,75 milliard d’euros, d’après les chiffres de la Caisse des dépôts. Les premiers mois de 2017 ont été très positifs. En janvier 2017, la collecte nette a été de 2,89 milliards d’euros. En février 2017, elle a atteint 1,39 milliards d’euros. Fin 2016, l’encours total atteignait 259,5 milliards d’euro.
Des objectifs contradictoires
L’épargne réglementée ainsi collectée est gérée par la Caisse des dépôts, essentiellement pour financer des de logements sociaux. Or continuer à offrir des taux d’emprunt attractif pour ces projets tout en maintenant un taux de rémunération favorable aux épargnants constitue des objectifs contradictoires, ce qui menace le modèle économique du livret A. Ce constat a conduit la Cour des comptes à ouvrir une procédure de référé. De son côté, le ministre de l’Economie a admis que des mesures de rationalisation s’imposaient.
Une nouvelle formule de calcul non appliquée
En 2016, la formule de calcul du taux de rémunération du livret A a été revue afin d’assurer la pérennité du financement du logement social, tout en protégeant les épargnants contre l’inflation en s’assurant que le taux fixé sera toujours supérieur à l’inflation. Les indices actuellement utilisés dans la formule pour les taux monétaires et l’inflation seront lissés sur 6 mois, afin de prévenir toute variation brutale, à la hausse ou à la baisse, du taux du livret A.
En outre, avec cette nouvelle formule de calcul, la majoration de 0,25 point de pourcentage par rapport à l’inflation peut être suspendue dans certaines circonstances exceptionnelles, c’est à dire lorsque l’écart entre l’inflation et les taux monétaires est supérieur ou égal à 0,25 point de pourcentage. Cette réforme ne produira ses effets qu’à l’occasion d’une révision du taux du livret A. Or en février 2017, le gouvernement a choisi de ne pas modifier ce taux, fixé à 0, 75%. La prochaine révision devrait avoir lieu en aout 2017. Pour la période comprise entre février 2017 et août 2017, cette réforme n’aura donc pas d’impact.