Le nouveau président de la République souhaite mener une réforme de fond dans le secteur de la santé, qui a grandement besoin de soutien de la part de l’Etat. Lutte contre les déserts médicaux, prévention, investissements… Quels sont les grands changements attendus dans les cinq ans à venir pour les professionnels de la santé ?
Formation des futurs professionnels de la santé
L’ensemble du système éducatif va être repensé. Une réflexion sur l’outil de régulation démographique, le numerus clausus, devenu obsolète, sera menée.
Emmanuel Macron souhaite aussi investir dans la formation universitaire et encourager les professionnels de la santé à former les générations futures.
Les trois mois de service sanitaire pour les étudiants en santé sont une mesure phare du programme du président fraîchement élu. Les étudiants joueront un rôle de prévention dans les écoles et les maisons de retraite. L’objectif est de prévenir des risques tout en formant les professionnels de demain. Le dispositif est ingénieux : cela ne coûterait rien à l’Etat et permettrait d’anticiper d’éventuels risques liés à la méconnaissance médicale de la population.
Lutte contre les déserts médicaux
Le phénomène devient un réel risque pour les personnes concernées. Toutefois, si la décision d’ouvrir et de réglementer le marché médical en ligne (vente de médicaments et consultations à distance) semble pertinente, le président semble à court d’idée quand il s’agit d’inciter les médecins à s’installer dans ces déserts médicaux.
Paradoxalement à sa volonté de donner plus de liberté aux professions médicales, le président Macron évoque une régulation par l’Etat du nombre d’officines par habitant. Quant à l’objectif de doubler d’ici 2022 le nombre de maisons de santé publique pour inciter les professionnels à s’y installer ne résoudra pas le problème non plus : de nombreuses maisons déjà existantes sont vides et les futures ne feront sans doute pas exception.
Modernisation et économies
Avec des investissements à hauteur de cinq milliards d’euros dans les hôpitaux et l’innovation technique, Macron entend faire d’une pierre deux coups : moderniser la médecine française et réaliser des économies sur le long terme. Il s’est également fixé comme objectif de consacrer 3% du PIB à la recherche et au développement, et s’est engagé à augmenter le budget des hôpitaux de 2,3% par an sur cinq ans, tout en réduisant une partie de la T2A (tarification à l’activité) jugée inutile dans certains cas.
En se calquant sur la Grande-Bretagne, le président prend un risque. Le système anglais prend l’eau et les investissements massifs n’y ont rien changé.
Pour faire des économies, il souhaite faire en sorte de réduire la durée de présence en hôpital des patients en développant l’ambulation à domicile et les maisons de répit pour les aidants.
Révolutionner l’activité médicale ?
En terme de rémunération, le nouveau président souhaite passer d’une rémunération à l’acte des médecins généralistes à un paiement forfaitaire.
Il ambitionne également d’accélérer les groupements hospitaliers de territoire afin d’optimiser l’offre de soin.
Enfin, afin de faciliter l’aspect administratif du métier de médecin, Macron encourage la création de nouveaux métiers pour déléguer les tâches administratives.
Moderniser, simplifier, optimiser. Le pragmatisme du nouveau président laisse entrevoir des objectifs nets pour le secteur de la santé. Il est toutefois encore trop tôt pour parler d’une “révolution”.