Vaccins : la grande inconnue ?

Vaccins : la grande inconnue ?

Vaccins obligatoires ou recommandés ? Le calendrier vaccinal doit-il être amendé pour améliorer le taux de couverture vaccinale de la population française ? La question est posée par la nouvelle Ministre de la Santé.

Mi-juin, Agnès Buzyn, la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé, a fait savoir qu’elle réfléchissait à rendre 11 vaccins obligatoires pour les jeunes enfants. A l’heure actuelle, seuls trois vaccins infantiles sont obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite ), huit autres ne sont que recommandés.

Pour ces vaccins recommandés mais non obligatoires, la couverture vaccinale de la population est actuellement insuffisante : 75 % de taux de couverture pour la rougeole alors que l’objectif est de 95 %. La nouvelle obligation vaccinale étendue serait prise pour une durée limitée de cinq à dix ans. Autre piste de réflexion pour la ministre de la santé : imposer le vaccin annuel contre la grippe à l’ensemble des professionnels de la santé. A l’heure actuelle moins de 30 % d’entre eux se font vacciner contre la grippe.

Une crise de confiance

Cette annonce intervient dans un climat de relative défiance à l’égard de la vaccination. Le fiasco de la vaccination contre la grippe H1N1 et la répétition des crises et scandales sanitaires ont altéré l’image des vaccins dans l’opinion publique. L’étude DIVA organisée par la Société Française de Médecine Générale auprès de 1069 généralistes, ces praticiens qui vaccinent en France plus d’un enfant de moins de 6 ans sur 2 avancent des pistes de réflexion. Si 9 médecins sur 10 se disent convaincus de l’utilité des vaccins, certains vaccins comme les infections à pneumocoque ou les infections à HPV ne font pas l’unanimité. Un quart des généralistes identifient la présence d’adjuvants dans les vaccins comme un frein à cette vaccination. Pour ces médecins, le recul de la vaccination est lié à trois causes majeures : un défaut de communication des pouvoirs publics notamment au regard de la modification de calendrier vaccinal, un accès insuffisant à l’historique médical des patients ou les difficultés posées par les ruptures de stocks de vaccins.

Un calendrier vaccinal à revoir

La communauté scientifique s’accorde sur la nécessité de réexaminer le calendrier vaccinal. La coexistence de vaccins obligatoires et recommandés, notamment, rend le dispositif public de vaccination actuel « complexe, illisible et inégalitaire », souligne le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) qui recommande de réorganiser l’offre publique de vaccination sur la base de la gratuité et de la maîtrise des coûts, et de promouvoir les centres publics de vaccination. Le HCSP appelle à un débat sociétal relatif au maintien ou non de l’obligation vaccinale à une révision de la liste des vaccins obligatoires, couplé à une obligation juridique définie et accompagné d’une campagne de communication de grande ampleur. Un programme auquel souscrit pleinement la Société Française de Pédiatrie qui appelle à une  politique vaccinale « recentrée et volontariste ».

Une concertation citoyenne qui ne fait pas l’unanimité

Marisol Touraine, alors ministre de la Santé avait lancé une concertation nationale organisée par un comité d’orientation dirigée par le spécialiste d’immunologie pédiatrique Alain Fisher. Fin 2016, le Comité a conclu à « un élargissement temporaire de l’obligation vaccinale avec clause d’exemption ». Des conclusions dans la lignée de la récente proposition de l’actuel ministre de la santé.

Seul bémol, cette concertation devait déclencher un débat public propre à ramener la confiance. Or si des enquêtes d’opinions ont été diligentés, un jury citoyen et un jury de professionnels de la santé ont été mis en place et une plateforme en ligne créée pour recevoir les contributions, les travaux n’ont fait l’objet d’aucune communication grand public. Dans ces conditions, il est plus difficile pour les pouvoirs publics de se fonder sur un réel débat citoyen et un consensus de conclusions pour asseoir sa réforme. Un enjeu d’importance à l’heure où 4 Français sur 10 estiment que les vaccins ne sont pas sûrs.

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