Si le déficit du système de retraite augmente, d’après l’ensemble des projections le coût des retraites pour notre économie devrait se réduire à long terme, marquant une trajectoire maitrisée.
Depuis le début du quinquennat, le Gouvernement a réaffirmé sa volonté de réformer le système des retraite actuel selon deux axes de réflexion : la disparition des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants et le recul de l’âge légal. C’était sans compter la pandémie qui a bousculé le calendrier de réforme. Les discussions avec les partenaires sociaux devraient démarrer en septembre prochain, mais le projet de réforme ne devrait pas être acté tant que la pandémie ne sera pas contrôlée. Le rapport Conseil d’orientation des retraites (COR) paru en juin dernier permet de faire le point sur l’état actuel de notre système de retraite. Une certitude : le déficit continue de progresser.
Le déficit du système de retraite s’est creusé
Sans surprise, le COR conclut que le déficit du système de retraite s’est creusé massivement pour atteindre 18 milliards d’euros en 2020, soit 0,8% du PIB. C’est pourtant moins que les 23,5 milliards d’euros anticipés en novembre 2020. Les raisons de ce déficit sont connus : une forte contraction des recettes que n’a pas compensé le phénomène de surmortalité des retraités emportés par la pandémie.
Cette forte dégradation du déficit serait de nature essentiellement conjoncturelle. En 2021, ce déficit devrait se réduire à près de 0,4% de PIB en 2021, en lien avec le rebond de l’activité.
Le poids des retraites va décroître
La part de la richesse nationale consacrée au versement des retraites, un indicateur déterminant pour évaluer la soutenabilité financière de notre système de retraite puisqu’il exprime le niveau des prélèvements qu’il faut opérer sur la richesse produite par les actifs pour assurer l’équilibre va décroître.
Il a atteint en 2020 le niveau élevé de 14,7%. Il devrait diminuer dès 2021 avec le rebond de l’activité et en raison de la surmortalité liée à la crise sanitaire. Et il devrait encore décroitre de 2030 à 2070, sous l’effet des réformes passées et du recul de l’âge d’entrée dans la vie active. Le vieillissement de la population française, qui sera en partie compensé par l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, ne devrait pas entraver ce phénomène.
Niveaux de vie et érosion du pouvoir d’achat
Selon les données de 2021 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la pension mensuelle moyenne, hors réversion, versée aux retraités vivant en France en 2019 tous régimes confondus, s’élève à 1.503 euros bruts. En 2018, le niveau de vie moyen des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population, un chiffre stable depuis 1996. Il devrait diminuer à long terme pour revenir à son niveau des années 1980. Cependant au niveau individuel, au cours des 25 dernières années, le pouvoir d’achat des retraités diminue. Ce phénomène est d’autant plus marqué que les pensions sont élevées et s’explique principalement par les mécanismes d’indexation des pensions et par la hausse des prélèvements sociaux sur les retraités.
L’écart entre hommes et femmes persiste
Avec un montant moyen de 1.924 euros pour les hommes et 1.145 euros pour les femmes, l’écart reste toujours très important entre hommes et femmes.
Cette différence s’est cependant réduite de 10 points en 15 ans passant de 50% en 2004 à 40,5 en 2019. Lorsque les pensions de réversion sont prises en compte, l’écart entre les femmes et les hommes se resserre. Au 31 décembre 2019 on dénombre 4,4 millions de bénéficiaires d’une pension de réversion des régimes de retraite. 88 % des bénéficiaires de ces pensions de réversion sont des femmes, un chiffre qui varie peu.